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J'suis pas Super Mam'...
28 mars 2016

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit, de Celeste Ng - Masse Critique Babelio

tout ce qu'on ne s'est jamais

 

 

Parution mars 2016, traduction de Fabrice Pointeau

 

La quatrième de couv' Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l'ignore encore… Élève modèle, ses parents ont placé en elle tous leurs espoirs. Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu'elle n'a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d'université d'origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu'il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus. Mais le corps de Lydia gît au fond d'un lac. Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l'adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés.(Babelio)   

 

L'histoire/Le sujet : Quand les secrets et les noms dits deviennent le poison de la famille, quelqu'un en fera forcément les frais. Lydia semble prête à toutes les réussites, soutenue, poussée par ses parents. Son frère Nath est proche d'entrée à Harvard, et sa petite soeur... est quasiment un fantôme dans cette maison. Mais tout semblait au mieux aux yeux de Marylin, sa mère, et de James, son père. Jusqu'à ce fatal jour de mai. Lydia est morte. Et tout au long des pages, on essaiera de comprendre pourquoi... et comment... elle a perdu la vie... 

Le style : L'auteur a su dans ce premier roman ménager un fort suspens tout au long de ces 270 pages. On sait que Lydia est morte, mais le dénouement n'aura vraiment lieu que dans les dernières pages. L'alternance des chapitres, des histoires de chacun des membres de la famille est bien menée, et donne un récit prenant. Une écriture vraiment efficace.  

 Et la couverture alors ?  Très simple, belle ... . 

 En conclusion ?  Entrer dans ce drame en sachant que la victime est morte, mais que personne ne le sait encore. Puis soulever avec l'auteur un à un les voiles qui dissimulent cette vie qui paraissait si simple et posée, si logique. Et voir sous ces voiles tout ce qui n'allait pas, tout ce qui a mené Lydia à la mort. C'est très fort, c'est très prenant.
Et parmi toutes les choses qui ont fragilisées cette famille, de grands thèmes viennent en avant.
La différence en premier lieu. Dans un pays où la ségrégation est encore très proche, où l'immigration est un sujet brulant, le destin d'un couple mixte dont le père est d'origine chinoise n'est en toute logique pas très simple. Et pour ses enfants non plus. Mais la différence ne se niche pas seulement là, puisqu'on évoque aussi la misogynie de certains milieu, ou d'autres thèmes encore, que je n'évoquerai pas ici pour ne pas trop en dire.
L'adolescence forcément est au coeur de cette intrigue. Les troubles qu'elle peut provoquer, accentués par cette différence, et par la pression des parents sur des enfants déjà en mal être. 
Et bien sur, les secrets de famille qui recouvrent tout cela d'un, deux, dix voiles pudiques, mais ne font qu'accentuer le mal être. 
Tout cela est très habilement, très astucieusement mélé pour nous tenir en haleine et savoir. Savoir pourquoi Lydia est morte... Mais aussi pour connaitre le destin de chacunes des autres personnes de cette famille si triste finalement, pour savoir comment ils vont pouvoir s'en sortir. 

J'ai particulièrement apprécié l'écriture de cette auteur, qui débute avec ce roman touchant, triste et prenant. L'histoire y est claire, logique, et témoigne d'une époque où l'Amérique est encore en plein bouleversements sociaux, et où tout est loin d'être réglé sur le front des mouvements sociaux. Au travers de cette famille, c'est le destin de beaucoup d'autres que l'on suit, d'autres couples mixtes, d'autres femmes dont les rêves ont été brisées, d'autres jeunes qui veulent être différents. Et c'est une grande force qu'à eu Celeste Ng de faire passer tous ces messages dans un roman simple et beau de "seulement" 270 pages.  Un coup de coeur. 

totoro sourire

 

 

 Pourquoi ce livre ?  Parce qu'il m'a été envoyé lors d'une opération Masse Critique. Merci donc à l'équipe Babélio et aux éditions Sonatine. (avec toutes mes excuses pour les quelques jours de retard pour cette critique) 

 

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