Eroica, de Pierre Ducrozet - Masse critique Babelio
Parution en avril 2015
La quatrième de couv' : À la fin des années 1970, un jeune Américain, fils d’un Haïtien et d’une Portoricaine, recouvre les murs de Manhattan de phrases énigmatiques qu’il signe du nom de SAMO. Quatre ans plus tard, riche et célèbre, il invente un langage pictural d’une puissance inégalée, fait de corps, de mots, de rage. Jean-Michel Basquiat, aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands peintres du XXe siècle, devient ici, pour la première fois, un personnage de roman. Pierre Ducrozet suit le parcours d’un garçon qui se rêve héroïque dans un monde qui ne l’est pas. Rock, hip-hop, clubs de l’East Village et galeries de SoHo ; dans ce New York en pleine renaissance émerge une nouvelle scène artistique autour de lui, de Keith Haring et d’Andy Warhol. Basquiat danse, peint, cavale, et devient, malgré lui, le symbole des années 80. Au-delà de la légende, Eroica raconte le combat d’un artiste contre le monde, contre ses passions destructrices, contre son succès même, le dangereux succès. Il a le génie, il a la grâce. Aura-t-il le courage ? Un personnage fascinant dans une ville en ébullition ; une épopée contemporaine. (Babelio)
L'histoire/Le sujet : Basquiat est un artiste des années 80, de ceux qui se sont construit dans la rue, qui ont croisés aussi bien les sans le sous de Brooklyn que les plus grands. Et comme beaucoup dans ce cas, Jean Michel Basquiat s'est brûlé les ailes à vouloir trop s'approcher du soleil. C'est ce destin hors normes que l'auteur nous conte ici, sous la forme d'un roman. Prenant, vibrant, dur et froid, ce texte nous amène sur les traces d'un de ceux qui marquèrent un tournant dans l'art contemporain.
Le style : Pierre Ducrozet a une écriture très particulière. Elle percute, elle assomme, sans se poser de questions. Les chapitres sont le plus souvent très courts : un chapitre, un moment de vie. La ponctuation anarchique rend certains passages vifs et piquants, d'autres troublants. Troublant mais prenant à la fois.
Et la couverture alors ? Rouge, uniquement rouge, énigmatique. Seul le bandeau permet de nous dire où l'on va ...
En conclusion ? Basquiat n'est pas un artiste que je connaissais particulièrement et son oeuvre n'est peut-être pas celle qui m'attire le plus. Pourtant j'étais très curieuse d'en apprendre plus sur sa vie et sa façon de créer, et ce livre tombait à point.
Le choix de raconter l'homme sous la forme d'un roman est à la fois osé, mais aussi très logique. La vie de cet artiste est un roman. Un roman sombre et triste, parsemé de rencontres aussi riches que destructrices, de coups du sort aussi bien positifs que négatifs, mais c'est effectivement un roman.
L'écriture de l'auteur nous plonge elle aussi dans ce récit de façon particulière, car saccadée, où la ponctuation est parfois chaotique, amenant une certaine poésie violente dans un récit souvent très lourd. Mais tout cela créé un ensemble cohérent.
Je ne connaissais pas, ou très peu, cet artiste, je l'ai dit, et je n'ai donc pas moyen de vérifier la véracité des faits relatés. Mais le peu que j'ai pu en lire, ou en voir en photos, lors de recherches, semble montrer un gros travail de documentation de l'auteur, et un roman où la réalité a toute sa place. Même s'il faut toujours garder un certain esprit critique, ce roman me semble très proche d'une biographie, si ce n'est la plume particulière de l'auteur.
En bref, j'ai découvert un auteur très particulier, et un artiste, au travers duquel j'ai pu me plonger dans un New York en pleine mutation, dans un milieu foisonnant d'idées et autodestructeur, fidèle à l'image que l'on peut s'en faire. J'ai appris beaucoup, et pris beaucoup de plaisir dans cette balade si particulière. Un très bon roman pour moi.
Pourquoi ce livre ? Parce qu'il m'a été proposé lors d'une des dernières opérations Masse Critique. Merci à l'équipe Babelio et aux éditions Grasset pour cette belle découverte.
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