De l'eau pour les éléphants
Résumé de l'éditeur : Ce roman pas comme les autres a une histoire exceptionnelle : en quelques mois, il a fait d’un auteur inconnu un véritable phénomène d’édition, le coup de coeur de l’Amérique. Durant la Grande Dépression, dans les années 1930, les trains des petits cirques ambulants sillonnent les États-Unis. Jacob Jankowski, orphelin sans le sou, saute à bord de celui des frères Benzini et de leur « plus grand spectacle du monde ». Embauché comme soigneur, il va découvrir l’envers sordide du décor. Tous, hommes et bêtes, sont pareillement exploités, maltraités.
Sara Gruen fait revivre avec un incroyable talent cet univers de paillettes et de misère qui unit Jacob, Marlène la belle écuyère, et Rosie, l’éléphante que nul jusqu’alors n’a pu dresser, dans un improbable trio. (Le livre de poche)
C'est grâce à Livraddict et au Livre de Poche que j'ai eu le bonheur de découvrir ce très beau roman.
Je n'aime pas le cirque. Je n'ai jamais rêvé de chapiteau, de parade et de ménagerie. Pourquoi avoir alors choisi de plonger dans ce roman, me direz-vous ? La quatrième de couverture m'a titillé, m'a intrigué. Le souvenir d'une très bonne série, La caravane de l'étrange, m'est revenu en mémoire. Cette atmosphère si particulière, la grande dépression, la société qui s'écroule sur elle-même, et ces caravanes de cirque qui traversent le pays tant bien que mal pour donner un peu de rêve et de fantastique aux gens...
J'ai été happée dès les premières pages par l'histoire. Les souvenirs reviennent à la mémoire de Jacob, très vieil homme coincé dans une maison de retraite qu'il n'a pas souhaité. Tout commence par la venue d'un cirque, là, devant ce mouroir. Et la mémoire reprend ses droits petits à petits, au fil des somnolences, des altercations, des rêves. Une partie de vie si difficile, si intense, si lointaine aussi, que Jacob ne souhaite malgré tout pas partager, mais qui lui revient à la fin de sa vie.
L'histoire coule toute seule, et l'on navigue sans mal du présent au passé, des rails au fauteuil roulant. Jacob, jeune homme dont la vie bascule du jour au lendemain, aura devant lui une vie bien différente de celle imaginée. Il rencontrera de nombreux personnages, d'August au caractère si changeant, à la belle Marlène. Et la ménagerie du "plus grand spectacle du monde" deviendra son domaine. Jacob, vieil homme placé à l'hospice, mais pas totalement abandonné, ne sachant plus vraiment son âge, mais refusant absolument le mensonge de ses pairs.
Cette histoire est très belle, et l'auteur a réussi à la rendre fluide et simple, sans être simplette. Le style de Sara Gruen et la traduction de Valérie Malfoy sont très agréable et rapide à lire. Les nombreux dialogues rendent le récit vivant, les descriptions n'alourdissent pas l'ensemble, mais sont bien pensées et disposées. Le choix du présent pour l'ensemble du texte permet aussi cette fluidité et facilite l'immersion dans l'histoire.
J'ai particulièrement apprécié les images d'archives qui jalonnent le texte et sont très judicieusement disposées. Visualiser la tente cuisine, la file d'attente (devant le Barnum, justement), l'éléphant sortant de son wagon.... aide bien plus encore qu'une description à se plonger dans le récit. Cela prouve un très important effort de documentation et permet une fois de plus de se projeter dans cet univers si particulier.
L'ambiance générale du roman est sombre. Ce cirque, le "plus grand du monde", qui veut faire concurrence au mondialement connu Barnum, mais traverse le pays plongé dans une crise noire, n'est pas très "fréquentable". Et les terribles choses qui s'y passent ne lui donnent pas de lettres de noblesse. Les personnages sont plus tourmentés les uns que les autres, ouvriers s'abreuvant d'alcool interdit et frelatée, artistes peu recommandables, directeur avide et avare. Le pauvre Jacob se retrouve dans un milieu qui n'a rien pour lui convenir. Il y trouvera pourtant une vie et un avenir.
J'ai beaucoup aimé ce roman. Il m'a fait découvrir un univers si particulier, celui des cirques à l'époque de la Grande Dépression, usine à rêves et à paillettes, si violent et si dure quand on sort de la piste. J'ai dévoré ces 470 pages en quatre jours à peine, profitant de chaque moment pour me replonger dans cette histoire et en connaitre enfin la suite. Un excellent moment pour lequel je remercie encore et Le livre de Poche.
23/3 : petits liens vers des billets tous aussi enthousiates --> Nahe, Sophie, June, Resmiranda, Bladelor, Joelle
Et j'ai oublié hier, mais je pense pouvoir ajouter ce livre au challenge de Jelydragon :