La maladroite, de Alexandre Seurat - MRL Priceminister
Parution 19 août 2015, traduction de ...
La quatrième de couv' : Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d'une enfant de 8 ans. La photo est un choc pour une institutrice qui a bien connu cette gamine. Pour elle, pas de doute : cette Diana n'a pas été enlevée, elle est déjà morte, et ses parents sont coupables. Remontant le temps, le roman égrène les témoignages de ceux l'ayant côtoyée, enseignants, grand-mère et tante, médecins, assistants sociaux, gendarmes...(Livraddict)
L'histoire/Le sujet : Que faire quand on soupçonne une maltraitance, mais que rien ni personne n'arrive à le prouver ? Comment agir quand chaque jour, l'inquiétude nous ronge mais que l'on ne peut malgré tout pas agir soit-meêm. Comment secouer l'administration, et quelle pouvoir elle-même a-t-elle pour sauver une enfant ? C'est autour de ces questions que chacun des protagonistes se retrouve, autour de l'horreur que chacun se remet en question...
Le style : Ce roman est en fait une suite de témoignages. Chacun des protagonistes raconte, donne son point de vue, en fonction du déroulement de l'affaire. Les textes s'entremèlent, tous à la première personne, chacun dans sa façon d'être ou de parler. Cela donne un texte très vif, sec, allant à l'essentiel. Très très dur aussi. Mais j'ai aimé ce style.
Et la couverture alors ? Très belle... Tellement triste aussi quand on lit le roman...
En conclusion ? Que dire ... Que penser, que dire, si ce n'est de se demander, encore et toujours, ce qu'on aurait fait. En tant que femme, en tant que mère, en tant qu'enseignante, quelle position aurais-je pu prendre ? Et aurai-je eu plus de pouvoir que ces personnes, qui témoignent, qui se doutent, qui agissent mais qui malgré tout ne peuvent faire bouger plus vite l'administration parce qu'il n'y a pas assez pour agir ... Des traces, des suspicions, tellement ! Mais aucune preuve, aucun mot venant de cette enfant, de son frère, aucun faux pas de ses bourreaux, rien du tout sur lequel s'appuyer pour réaliser l'urgence de cette situation.
Il arrive (trop souvent) en tant qu'enseignant que l'on se trouve confronté à des situations qui nous laissent perplexe. Fort heureusement, elles ne sont pas aussi dramatiques, mais inquiétantes malgré tout. Vers qui se tourner, comment agir ? On se trouve trop souvent à faire des rapports, à les transmettre et à ne pas savoir ce qui va suivre. On le sait, tous les services à l'enfance manquent cruellement de personnel, et de pouvoir, pour réussir à traiter toutes les demandes, et sans preuves d'une urgence absolue, on laissera aux familles le bénéfice du doute. Mais c'est là tout le problème, et c'est ce que soulève ce roman.
Ce court texte est comme un coup de poing. Sec, ferme, il tape où ça fait mal. Montre que malgré tout le bien fondé d'une action, que malgré l'envie de faire au mieux pour une enfant, on se retrouve trop souvent impuissant. Cela met en colère, cela frappe, cela abat. Et cela donne à réfléchir, encore et toujours ...
Bref, ce roman ne peut laisser indifférent. Il ne donne pas de solutions, forcément, mais montre qu'on ne peut blamer personne dans un système où se sont les moyens qui manquent. Chacun fait ce qu'il peut à son niveau, mais cela n'est malheureusement pas suffisant.
Pourquoi ce livre ? Parce qu'il m'a été envoyé dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. Merci à l'éditeur, Rouergue, et à Priceminister pour l'organisation de ces découvertes.