Photographies de Raymond Depardon
Parution : 23 octobre 2014
La quatrième de couv' : «Longtemps j'ai sillonné l'Afrique ou plutôt les Afriques. J'y ai appris le questionnement, donc le journalisme. Rien n'est jamais tout noir, rien n'est jamais tout blanc. Ce continent était l'endroit privilégié pour s'en convaincre. C'est là-bas que, pendant plus d'une décennie, j'ai été un "envoyé spécial" du Monde, témoin des soubresauts, des drames et des espoirs de populations inoubliables.
Dans ce recueil d'enquêtes et de reportages, j'ai voulu saisir au plus près ce qui faisait le quotidien d'un reporter au milieu des années 1980, avant la révolution numérique, avant les mails et les portables, quand le temps gardait son épaisseur, et les distances leur longueur. Si le journalisme a changé de forme, il n'a pas changé de sens : informer, expliquer, trier, raconter. J'ai voulu remonter à la source de mon métier, le contact irremplaçable avec le réel. Et la lutte permanente pour préserver son indépendance.»
Éric Fottorino. (Denoël)
L'histoire/Le sujet : Comme il l'indique sur la quatrième de couverture, Eric Fottorino a longtemps silloné l'afrique et a écrit de nombreux articles durant ce temps. Il les a ici regroupé, par pays, et leur lecture nous replonge dans un passé pas si lointain, sur un continent en perpétuelle mutation. Eclairé par des introductions ou des conclusions donnant des détails sur les circonstances des articles, sur les conversations "off" avec certains personnages ou sur "l'après" concernant ces pays, Eric Fottorino nous fait visiter des contrées et rencontrer des personnages qui ont marqués l'histoire du plus "vieux continent" à la fin du XXème siècle.
Le style : Les articles, destinés au Monde, sont écrits dans un style journalistique (évidemment !) sans fioriture ni circonlocution. L'auteur a appris à aller à l'essentiel, c'est ce qu'on lui demandait, il le fait ici fort bien.
Et la couverture alors ? Très belles photos, comme toutes celles du livre, elles sont signés Raymond Depardon.
En conclusion ? C'est la curiosité qui m'a poussé à choisir cet ouvrage, et son pendant "Partout sauf en Afrique" (dont le billet paraitra dans quelques jours). Et je n'ai pas été déçue. Ce recueil d'article m'a permis d'apprendre beaucoup sur cette période de l'histoire africaine, et les éclairages qu'en fait l'auteur permettent vraiment de comprendre des situations qui semblent parfois totalement étranges. Voir le Paris-Dakar avec les yeux des villageois qui le subissaient à ce moment, "visiter" l'Ethiopie dans l'équilibre trop fragile qui a suivi la grande famine, vivre un coup d'état malgache depuis l'intérieur.... Tant de choses passionnantes à découvrir, et qui permettent de comprendre parfois des situations encore actuelles. Rien n'est passé sous silence, des trafics les plus noirs au lien avec la politique française, l'arrivée du sida, et la détresse de populations que rien ne pourra aider... Et de toutes ses années en Afrique, Eric Fottorino a tiré en final un roman, Coeur d'Afrique...
J'ai trouvé passionnante cette découverte, et la forme même d'une succession d'article m'a permis de ne pas me lasser une minute. La plume vive de l'auteur; respectant les consignes données par son journal, va toujours à l'essentielle et frappe où ça peut faire mal, ou du moins où cela peut toucher. Le partage de cette aventure humaine, d'un point de vue professionnel, mais aussi personnel, est très fort et donne envie d'en savoir plus encore. (je note d'ailleurs le roman de l'auteur dans ma PAL !) . Bref, un recueil que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir, et qui, bien que très sombre parfois, apporte beaucoup culturellement.
Pourquoi ce livre ? Parce que les éditions Denoel, et en particulier Célia, ont eu la gentillesses de me faire confiance pour ce partenariat. Un grand merci donc !
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