Présentation de l'éditeur : Le petit roman de Gérard Raynal, écrit comme un hommage au peuple Japonais, vient de paraître. L’auteur nous conte, en quelques pages l’histoire de Kiyoto, le marin de Kamaishi, disparu le 11 mars 2011, jour du séisme et du tsunami qui ont anéanti la côte nord est du pays. Kaede, sa jeune épouse, prise dans la tourmente de ce Japon qui balance entre tradition et modernité, ne va pas cesser d’espérer. Mais à Fukushima, la centrale atomique voisine, une étrange fumée blanche s’échappe des réacteurs… 60 pages (TDO)
J'ai lu ce très court roman à l'occasion de mon premier partenariat avec Bibliofolie.
Fukushima mon amour est donc un très court roman, presque une nouvelle, qui a pour coeur le drame du 11 mars dernier au Japon. Encore très présents dans nos esprits, le tremblement de terre, suivi du tsunami et de toutes les conséquences que l'on connait sont vus ici de l'intérieur, si je puis dire. L'auteur a pris le parti d'écrire à la première personne, d'incarner l'héroïne, Kaede, et de suivre ses pensées, ses doutes, ses peines lors de sa quête. Car elle cherche son mari, disparu lors du tsunami, et dont elle n'a aucune nouvelle les jours suivants.
Gérard Raynal a rendu hommage au peuple japonais à travers ce récit. On y retrouve de nombreuses références culturelles, et le style même est très poétique, et très proche des quelques romans japonais que j'ai pu lire (je suis loin d'être spécialiste). J'y vois une écriture "à la manière de" très agréable, mais qui reste une figure de style. Il y manque à mon goût la trame culturelle profonde. Je l'ai dit, il y a beaucoup de références, mais je doute qu'elles auraient été amenées ainsi dans un texte écrit par un japonais (je prends pour exemple le moment où Kaede évoque la façon dont les Japonais "intériorisent" leurs émotions face aux terribles évènements). C'est en cela qu'il est un peu génant que le texte ai été écrit à la première personne. La même chose proposée par un observateur extérieur m'aurait peut-être moins "titillé".
Le roman bien que très court est donc très bien documenté. Sur les évènements d'abord, mais malheureusement, il suffisait de suivre les actualités durant les jours et semaines suivants le séisme pour en connaître beaucoup de détails. Sur les traditions, la culture, le quotidien du Japon d'autre part. Le rendez-vous en cas de séparation forcée par exemple, la visite aux ancêtres, et beaucoup d'autres détails amènent des notes de réalisme très importantes. Mais comme je l'ai dit plus haut, une japonaise n'aurait probablement pas expliqué autant les choses dans un journal intime...
La quête en elle-même est bien menée. Du drame à la chute, que je me garderai bien de dévoiler, chaque jour s'égrenne, au rythme des nouvelles officielles de la centrale. On suit donc en parallèle ce qui se passe (ou semble se passer) à Fukushima et ce qui arrive à notre héroïne dans sa petite ville cotière à 200 km de là. Les choses sont liées, mais de loin, de très loin, car cette centrale en fusion n'est pas le soucis principal de Kaede. Le drame personnel passe avant le drame national même si ce dernier reste à l'esprit.
En résumé, j'ai aimé le style de l'auteur, doux, poétique, que je qualifierai de japanisant, si j'osais. L'histoire est simple et belle. J'ai passé un agréable moment à la lecture de ce roman, malgré les petits reproches que je peux en faire. Un joli hommage. Et (il fallait que je le note ;o)), quelle magnifique couverture !
Je remercie beaucoup Bibliofolie pour ce premier partenariat, TDO éditions pour cet envoi et l'auteur pour sa dédicace.